Belgique, une organisation juive conteste l’interdiction indirecte de l’abattage rituel

La Croix /Arnaud Bevilacqua, le 30/11/2017

Ce mardi 28 novembre, le Comité de coordination des organisations juives de Belgique, a décidé de déposer un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle.En opposition au décret wallon, annonçant l’interdiction de l’abattage sans étourdissement.

Le comité déclare : « Il faut revenir à la situation antérieure, à l’adoption de ce décret parce que les libertés religieuses de certains citoyens y étaient protégées sans empiéter sur les droits de la population dans son ensemble. Interdire la pratique de certains citoyens dans ces conditions, quel qu’en soit le motif, c’est imposer un dogme. L’annulation de cette mesure discriminatoire rétablira un équilibre sain dans une société juste. »

Les organisations juives souhaitent mettre en lumière l’« illégalité » du décret. Le président du CCOJB Yohan Benizri, possèdent aussi le rôle de vice-président du congrès juif mondial, a annoncé l’initiative d’un dépôt de recours en annulation devant la cour constitutionnelle, contre l’arrêt d’interdiction de l’abattage sans étourdissement.

Lors de son annonce il déclare: « faire constater son illégalité au regard du droit constitutionnel belge et du droit européen ».

Le parlement wallon, a accepté, en mai dernier, la proposition du décret stipulant l’interdiction de l’abattage des animaux sans étourdissement, au nom du bien être et du respect de l’animal. Préalablement au 1er juin 2018, en ménageant toutefois une dérogation jusqu’au 1er septembre 2019 pour l’abattage rituel. L’étourdissement réversible par électronarcose, (un procédé par électricité censé ne pas entraîner la mort de l’animal), ne sera exigé qu’à partir du 1er septembre 2019. Un recours contre le décret flamand similaire aura lieu.

La question de l’abattage rituel a depuis longtemps suscite la controverse.

Selon Yohan Benizri, cette décision « ne respecte ni les principes de neutralité de l’État, de nécessité, d’égalité et de proportionnalité ni les règles européennes en la matière ». « Ce recours nous permettra également de faire valoir l’importance du bien-être animal au vu de la loi et de la tradition juive, tout au long de la vie de l’animal et jusqu’à son abattage », explique le CCOJB qui souhaite montrer « que le souci du bien-être animal n’est pas incompatible avec l’autorisation d’un abattage rituel bien encadré ».

Les juifs estiment qu’une viande n’est pas casher si l’animal a été étourdi préalablement à la saignée. De même, aux yeux de certains musulmans, ce principe vaut pour la viande halal, même si certaines mosquées autorisent l’électronarcose. Cette question suscite régulièrement la controverse et certains pays européens ont déjà interdit l’abattage rituel de facto comme le Danemark, en Suisse ou encore en Suède.

Le ministre wallon du bien-être animal Carlo Di Antonio, avait rencontré tous les acteurs concernés par la question de l’abattage rituel, et les responsables des différentes communautés religieuses; mais ne trouvant pas de consensus. Dans un communiqué datant du 26 août dernier, les musulmans de Belgique avaient réitéré leur opposition aux législations wallonne et flamande.

La question du bien-être animal est très prégnante en Belgique

« L’abattage rituel, exercé en Belgique depuis toujours, se voit remis en question par l’évolution des lois du pays, expliquait l’exécutif des musulmans de Belgique, l’instance représentative du culte islamique dans le pays. L’observance de ce rite dans et en dehors du cadre de la fête du sacrifice deviendra dès lors extrêmement compliquée, voire impossible, pour les fidèles musulmans à partir de 2019. Suite à cette interdiction, la communauté musulmane de Belgique a déjà exprimé son mécontentement à plusieurs reprises par différentes actions. »

Les interrogation sur le bien-être animal est très présent en Belgique. Expert sur le sujet de l’abattage, l’association de défense des animaux Gaia a affirmé par le biais président Michel Vandenbosch, que le décret « n’interdit aucunement l’abattage ‘rituel’». « En imposant l’étourdissement préalable et réversible, la loi interdit la souffrance animale scientifiquement établie que provoque l’abattage sans étourdissement, car cette souffrance est techniquement évitable et donc inadmissible », poursuit-il dans un communiqué. Gaia a garanti son intervention devant la Cour constitutionnelle.

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