Le tribunal de commerce de Rennes a prononcé la liquidation judiciaire de l’entreprise spécialisée dans la volaille qui emploie plus de 1 200 salariés.

Le tribunal de commerce de Rennes a prononcé, mercredi 4 avril, la liquidation judiciaire de la société Doux, l’un des grands producteurs français de poulets, qui emploie plus de 1 200 salariés et fait vivre plusieurs centaines d’éleveurs en Bretagne et Pays de la Loire. Le tribunal a autorisé l’entreprise à poursuivre son activité jusqu’au 31 mai.

Mardi 3 avril, la direction de la coopérative française Terrena, l’actionnaire majoritaire de Doux, avait déposé une demande de liquidation de sa filiale spécialisée dans la volaille, dont elle ne veut plus financer les pertes. Cette demande avait été appuyée par le mandataire ad hoc, Me Frédéric Abitbol.

La liquidation judiciaire permet à Terrena de ne pas avoir à rembourser plusieurs dizaines de millions d’euros d’aides européennes perçues indûment par Doux. L’entreprise bretonne est accusée d’avoir alourdi artificiellement ses poulets en augmentant leur teneur en eau, afin de toucher davantage de subventions à l’exportation jusqu’en 2013.

Les candidats à la reprise de Doux ont jusqu’au 14 avril pour déposer des offres. Puis le tribunal tranchera, le 18 mai, en faveur d’une d’entre elles. Laquelle ? Le suspense paraît limité. Deux offres ont en effet déjà été déposées auprès du mandataire ad hoc, et présentées au gouvernement. Il y a peu de chances qu’une troisième émerge d’ici au 14 avril.

Et l’une des deux candidatures actuelles tient clairement la corde, celle présentée conjointement par le saoudien Al Munajem et le groupe français LDC, connu pour ses marques Fermiers de Loué, Le Gaulois, Marie et Maître Coq. Seuls les membres de ce consortium ont présenté leurs plans lors du comité d’entreprise tenu mardi au siège de Doux à Châteaulin (Finistère). Cette solution bénéficie du soutien de l’actionnaire Terrena, des régions Bretagne et Pays de la Loire, et d’une grande partie du personnel.

Ensemble, Al Munajem, LDC et leurs associés proposent de reprendre ou de reclasser l’essentiel du personnel. Au total, 920 emplois sur 1 187 seraient repris dans ce scénario. Par ailleurs, 418 propositions de reclassement dans d’autres sites seraient présentées aux salariés non repris.

La seule autre offre a été déposée par MHP, un volailler ukrainien qui produit du blé. Or celui-ci ne reprendrait dans l’immédiat que 285 postes. Les trois quarts du personnel se retrouveraient au chômage. MHP évoque certes la construction d’ici à deux ans d’une nouvelle usine ultramoderne à Châteaulin, pour remplacer les installations actuelles. Cela permettrait de réembaucher alors 430 personnes supplémentaires. Mais, « si on regarde le court terme et l’emploi, c’est vrai, notre offre est moins attractive », reconnaît John Rich, le président de MHP, dans un entretien au Monde.

Pour ce professionnel australien du poulet, « à long terme, l’offre de MHP reste la plus forte, en termes d’engagement, d’emplois, et de relance de la filière ». Toutefois, le groupe ukrainien se prépare clairement à un échec.

« J’espère que les juges tiendront compte du long terme, mais si par malchance nous devions être écartés, nous continuerons à nous intéresser à la France et à l’Europe de l’Ouest, promet John Rich. Nous avons eu de très bons contacts avec les agriculteurs bretons et avec les pouvoirs publics, et nous y étudierons d’autres acquisitions. C’est la vie ! »

Contacté par Terrena fin 2017, MHP a étudié de près le dossier d’une éventuelle reprise de Doux. Pour ses dirigeants, l’opération aurait présenté plusieurs intérêts. Elle aurait permis au groupe ukrainien, coté en Bourse à Londres, de diversifier ses sources d’approvisionnement, et de s’implanter solidement sur le marché européen, au-delà de premiers investissements aux Pays-Bas et en Slovaquie. Mais très vite, les dirigeants de MHP ont jugé avec leurs experts qu’il n’était pas possible de reprendre la totalité de Doux. Pas question, en particulier, de garder l’activité d’exportation dans les pays arabes de petits poulets congelés, qui réalisait une grande part du chiffre d’affaires. « Ce modèle économique ne tient pas », estime John Rich.

C’est pourquoi MHP propose de ne garder que les sites de Quimper (Finistère) et Plouray (Morbihan) et le siège de Châteaulin, et de reconstruire entièrement l’usine de Châteaulin pour la rendre compétitive. « Nous avons une grande expertise dans la construction d’usines, et avec cet investissement, nous pouvons ainsi changer le modèle économique de Doux », plaide le président du groupe ukrainien. Sans avoir beaucoup d’illusions sur ses chances de succès auprès du tribunal.

 Source : http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/04/04/doux-liquidation-judiciaire-avec-poursuite-d-activite-jusqu-au-31-mai_5280361_3234.html

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